vendredi 27 mai 2011

Pokémon / Chronique de l'album Total par SebastiAn

Allô ?

… y a-t-il quelqu’un ? Non, je rends une petite visite parce que je viens de me souvenir que j’avais un blog. Oui, un blog, va savoir si j’ai les lecteurs qui vont avec. Dans le doute, je vais écrire un nouvel article.

Il s’est passé des trucs rigolos depuis l’article sur Guillon et Taddeï. On a annoncé la mort de Ben Laden, y a eu « l’affaire D.S.-K. », A.K.A. la calzone est cuite pour les élections, laissant un boulevard hémicyclique au nerveux de l’Élysée et à la camionneuse bretonne. Et déjà, je fais des phrases presque incompréhensibles alors que j’en suis qu’à la revue de presse.

J’ai commencé et fini Pokémon Noir, qui comprend notamment Cliticlic, Mateloutre et un pocket monster en forme de sac-poubelle. Pour la pub, ils ont joué la carte de la révolution, on nous a placardé « oubliez tout ce que vous savez ». Renouveau total ! Alors j’ai oublié que ça commençait toujours par un type dans sa chambre qui descend dans le salon où il y a sa mère qui passe ses journées à être assise à table. Qu’il habite dans le seul village de la région où il y a un prof qui a deux Pokédex à refiler à un gosse du coin et son rival, qui vont partir à l’aventure avec un des trois Pokémon eau, feu ou plante et vaincre la ligue Pokémon. J’ai oublié tout. Tout. Et quand j’ai joué à cette toute nouvelle version, elle m’a tout rappelé parce qu'ils ont rien changé, en fait.
« Alors connard ? On s’est bien foutu de ta gueule. »

Maintenant que j’ai expédié les sujets qui auraient pu faire un bon article, je vais en choisir un plus actuel et moins chiant : voici la critique du debut album de SebastiAn.

SebastiAn, c’est Justice, avec un seul mec et en un peu plus saturé. Comme les deux blousons noirs Metalli-fans, c’est un adepte de la grosse syncope confondant en un dixième de seconde des samples fulgurants de voix qui font « shka », « tko », « shéba » ou « wiz », des slap bass, des synthés et des disco-violons tranchant.


Il y a sept ans, Akchoté sortait l’E.P. Ross Ross Ross, avec la track éponyme, son chef-d’œuvre selon moi, suivie de l’également très bonne Walkman et de l’insupportable Head/Off. Deux tiers de très bon, un tiers de chiasse, ça résume les sept années suivantes où il sort maxis et remixes (tels que celui de Human After All, que les Daft Punk considère comme le meilleur qui fut fait… de remix… de Human After All).

Début 2011, une espèce de stroboscope pop brassant énucléation, Marc-Édouard Nabe, explosion de tête dans Scanners, extrait de la bande-annonce du faux film Thanksgiving d’Eli Roth dans Grindhouse, Patrick Sébastien, porno, Shoah, Mickey Mouse et Éric Zemmour, tease la sortie prochaine de ce premier L.P. : Total.

La pochette de l’album.

Quand on écoute le fabuleux Ross Ross Ross, qui date de 2004, on se dit que la musique de SebastiAn avec sept ans d’évolution – je ne sais pas comment finir cette phrase, mais vous m’avez compris. Et puis, on m’a dit : « La musique du clip qui annonçait l’album, en fait, c’est une de celles qui seront présentes dessus. »

Mince.

Pendant ce temps, SebastiAn a sorti la plage Enio sur la compilation merdique d’Ed Rec Let the Children Techno. Pedro Winter commente : « SebastiAn your music normally makes our ears bleed now you make music that makes us cry. »

Si l’indicible daube qu’est Enio m’a fait saigner des oreilles ET pleurer, je n’ai simplement été qu’indifférent au premier single de l’album, Embody, vendu en kit avec son clip fadasse (So_Me, contente-toi de faire des dessins, merci).

J’AI TOUT DE MÊME UN MAUVAIS PRESSENTIMENT. Mais passons à l’écoute.

1. Hudson River
L'intro, une des huit courtes plages qui n'ont quasiment aucun intérêt.

2. Love In Motion
Revival Prince martèlant. Sucks. 7/20.

3. Tough Games
Autre interlude. Je ne les note pas.

4. Embody
Ni énergique, ni agréable, un tube vraisemblablement raté. 11/20.

5. Ross Ross Ross
Assurément la meilleure de sa carrière. Il a rajouté une snare drum. Pas feignant le mec. 17/20 quand même.

6. Fried
A sa place en boîte. Trop répétitive. Toujours les mêmes procédés, les fameuses syncopes qui en deviennent caricaturales, sans pour autant perdre de leur FUN. 8/20.

7. Kindercut
Très classique. Sampling à la French Touch 90's. Dix ans de retard mais cool. 10/20.

8. Water Games
Un interlude... Finalement je vais lui donner une note à celle-là. 0/20.

9. Total
Mâche du chewing-gum en classe. 8/20.

10. Jack Wire
Presque la moitié de la tracklist et on a une idée du problème de SebastiAn, en fin de compte. Reposé sur les lauriers de son style d'orchestration exceptionnel, il se contente de composer des sortes de montées en puissance complètement inefficaces, en se la pétant avec ses saturations avant-gardistes et inaudibles. Hors d'une discothèque peuplée de suicidaires du tympan ou de gars tellement bourrés qu'ils peuvent danser sur n'importe quoi, même une musique aussi vide de rythme que celle-ci, j'ai du mal à croire qu'on trouve un plaisir à écouter ça. 5/20.

11. C.T.F.O.
Fallait s'y attendre avec M.I.A., quand on parcourt son /\/\ /\ Y /\ ultra-foireux. Chanson très emmerdante. Encore une fois, la composition est plus que faiblarde, SebastiAn répétant péniblement encore une de ses ritournelles saturées. 7/20.

12. Cartoon
Un interlude. O.K., on lui dira.

13. Arabest
Edbanging pur. Elle a beau faire Breakbot du pauvre, cette petite funkerie amène la petite variation dont l'album manquait jusqu'ici. 12/20.

14. Prime
La troisième phrase que j'ai écrite sur C.T.F.O. s'applique encore parfaitement ici. 6/20.

15. Mean Games
Interlude. Qui a parlé de Stress ?

16. Tetra
Revoilà Gaspard Augé qui avait criblé la bande-originale de Rubber de flûtiaux et de clavecins à la XVIIème électriques. On reparlera des appréhensions que j'ai pour le deuxième album de Justice... En attendant, l'ironique Tetra s'avère être, à part 3Ross, ma préférée de l'album. 14/20.

17. Motor
Expérimentation rigolote. Mais c'est encore du recyclage. 10/20.

18. Night
Encore une interlude. Mr. Oizo ?

19. Yes
Une vraie structure, un vrai refrain. Pop/rock mi-80's, on est en plein dans le nouveau créneau de Justice annoncé par le bon mais incompris Civilizationqu'il faudra creuser avec un peu moins de kitschitude à l'avenir. Elle est sur le podium. 13/20.

20. Bird Games
Énième interlude. Ça aurait pu faire un bon morceau.

21. Doggg
Une vieillerie. Il a définitivement régressé. 13/20.

22. Frustra
... et pas qu'une possibilité.

J'ajoute que l'ensemble est aussi mal mixé que Embody. Si vous avez le malheur de pas avoir une source bien bassée, les aigües PIQUENT les oreilles.

Déception confirmée, Total est un album suranné et SebastiAn est un paresseux. 9/20.
Je recommande dans l'ordre : Ross Ross RossTetraYesDoggg et Arabest.

SebastiAn
Total
30 mai 2011
Ed Banger Records